L’Emploi du Temps, Michel Butor, 1956. Ou La Ville-monstre

Archi-littérature
Deuxième épisode :

Bleston, ville aux cloches, ville de Caïn, ville du Minotaure, Bleston aux brumes acides et sortilèges sournois, aux beaux jardins et aux quartiers demi-détruits, Bleston à la foire itinérante et aux deux cathédrales.
Bleston contre Jacques Revel, jeune homme fraîchement arrivé dans le labyrinthe : le duel sur lequel repose l’intrigue du roman L’Emploi du Temps. Revel, dérouté par une langue et une culture inconnues, se heurtant à des problèmes relationnels puis amoureux de plus en plus importants, projette ses sombres affects sur la ville même de Bleston, se situe comme la victime de sa malédiction. Emporté d’idées graduellement délirantes, Revel décide d’affronter Bleston par le recours à l’écriture, « le rempart des lignes sur les feuilles blanches », non pas pour se recentrer sur lui-même et retrouver quelque lucidité, mais pour déceler la faille de la ville.
L’Emploi du Temps, à travers l’état de Revel, proche d’une « paranoïa critique », nous révèle la part monstrueuse que peut abriter une ville, les errances et les angoisses que peuvent susciter la pesanteur, la tortueuse complexité de certaines architectures.