Pour les Journées européennes du Patrimoine, nous vous proposons la visite commentée de bâtiments avec Charlotte Leblanc, chargée de la protection des monuments historiques en Bourgogne-Franche-Comté
Des édifices en bois de la Haute-Saône témoignent d’une expérimentation menée sur l’architecture en bois à l’initiative d’un homme, André Liautey, conseiller général, député de la Haute-Saône de 1932 à 1940 (groupe radical-socialiste) et de 1951 à 1955, et maire de Port-sur-Saône mais aussi sous-secrétaire d’État à l’Agriculture de 1936 à 1938. Port-sur-Saône va accueillir à partir de 1936, une douzaine d’installations permettant de valoriser le bois. Trois édifices sont encore visibles de nos jours : l’école primaire de Saint-Valère, l’auberge de la jeunesse et l’ancienne école départementale du bois et des carburants forestiers.
Les bâtiments de l’école en bois de Ronchamp, l’auberge de la jeunesse, l’école Saint-Valère à Port-sur-Saône sont reconnus pour leur mise en valeur du matériau et de l’histoire à laquelle ils appartiennent et protégés au titre des Monuments historique depuis 2000 et 2018.
Au début des années 1930, la filière du bois français fait face à une crise importante. Elle est liée au ralentissement de l’industrie du bâtiment et de la diminution de l’activité de l’ameublement mais aussi à l’abandon du bois comme matériau de construction supplanté par d’autres matériaux et techniques nouvelles. De plus, placages et contreplacages se substituent à l’utilisation du bois massif. Le bois de chauffage est également remplacé par d’autres énergies. Le bois français s’exporte mal alors que la France importe par ailleurs de nombreux bois étrangers venant surtout du nord de l’Europe et de l’Europe centrale.
Liautey profite de ses liens avec la ville de Port-sur-Saône pour en faire une vitrine. Et, pour faire face à la crise, Andrey Liautey met en place plusieurs dispositifs d’encouragement pour la filière. Il fait voter une loi qui attribue des crédits ou des primes au reboisement et à l’utilisation de bois français. Il négocie des droits de douane pour réguler les importations et met en place un programme de revalorisation du bois avec l’emploi de chômeurs. Des études scientifiques et techniques précisent les qualités du bois et permettent de fixer des règles d’emploi rationnel.
Enfin, l’Exposition internationale des « Arts et des Techniques appliqués à la Vie moderne » de 1937 permet de mettre en avant cette politique volontariste. Trois pavillons sont installés au bord de la Seine, sur le quai d’Orsay : le Palais du bois français au centre, présentant une exposition sur l’activité forestière et l’industrie du bois, flanqué du foyer communal et de l’Auberge de la Jeunesse qui sera reconstruite à Port-sur-Saône.
La réalisation des pavillons est issue d’un concours ouvert aux architectes ; il est précisé que le but recherché est « de donner au bois français un attrait qui lui est actuellement disputé par un grand nombre de matières diverses-de démontrer au cours de l’Exposition internationale ce que les techniques modernes mises à la disposition des artistes, permettent aujourd’hui de disponibilités de réalisations dans une matière aussi riche que le bois ».
Lors de leur inauguration, André Liautey insiste sur les avantages que présente le bois pour l’édification des auberges de jeunesse dont il souhaite la multiplication afin d’encourager le tourisme populaire. Les pavillons de l’exposition sont autant de démonstrations pour le public des qualités constructives du bois.
Rendez-vous à 10h30 devant l’auberge de jeunesse de Port-sur-Saône.
Visites et conférence jusqu’à 12h30.
Gratuit