Exposition du projet photographique de Christophe Monterlos à l’occasion de la sortie de l’ouvrage éponyme, premier titre de la collection Palissade.
Besançon, deux quartiers, deux parties de la ville, à l’occasion de la construction de la ligne de tram, le pont qui les relie est reconstruit.
Christophe profite de ce moment particulier pour faire un état des lieux… et un état des êtres qui les peuplent, un instantané.
Pourtant, tant s’en faut, le mot tel qu’on l’entend généralement ne correspond pas aux moyens que Christophe déploie : Christophe ne « produit » pas d’images, il fait des photographies. Quand il se fait 2500 images chaque seconde dans le monde, Christophe s’inquiète du temps qu’il fera, s’équipe, met son matériel sur son dos, et va « sur le sujet ».
Le sujet c’est d’abord le pont, bien sûr, le nouveau pont, que l’on finira par voir, incidemment, comme dans tout voyage, où le plus intéressant c’est le trajet, bien plus que la destination. Les étapes, souvent graphiques, sont peuplées de rencontres, car le vrai sujet de Christophe, c’est l’humain. Quand certains vaquent, d’autres posent. À force de le croiser, ils se sont habitués à sa présence. Ceux-là, il faut les voir, s’exposer crânement, se pensant plutôt images glorieuses qu’objets sociologiques. Ceux-ci en revanche, petits métiers et vieux habitants, vivent leur vie dans un cadre toujours provisoire, qui évolue chaque jour.
C’est de la topographie physique, mais aussi de la topographie humaine. Le terme est juste, car Christophe s’inscrit dans cette longue génération de photographes « topographes », commencée par les Baldus et les Charles Nègre de la mission héliographique de 1857, suivis par les « modernes » des missions de la DATAR depuis les années 80.
Dans les deux cas, l’usage de la chambre grand format est imposé. De nécessité au départ, elle est devenue une contrainte par la suite, non pas pour la technique, mais pour tenter de pénétrer les choses, non de les effleurer. Et c’est bien ce que l’on ressent en regardant ces photographies, même si certaines vous amènent à sourire, vous sentez qu’elles vous montrent le fond des choses. Pas de vérités universelles, juste le fond des choses, un certain jour dans un certain lieu …
François Haton
Architecte et membre de la Maison de l’Architecture de Franche-Comté