NON À LA DÉMOLITION DU BÂTIMENT LEDOUX, ANCIEN HÔPITAL SAINT-JACQUES, Besançon

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À la manière de Victor Hugo et de sa Guerre aux démolisseurs, la Maison de l’Architecture de Franche-Comté lance une pétition citoyenne pour arrêter l’amnésie urbaine et le gaspillage massif de ressources et d’énergie dans le secteur de la construction.
« Il faut le dire et le dire haut, cette démolition de la vieille France, que nous avons dénoncée plusieurs fois sous la Restauration, se continue avec plus d’acharnement et de barbarie que jamais. Depuis la révolution de Juillet, avec la démocratie, quelque ignorance a débordé et quelque brutalité aussi. » Victor Hugo, 1825.

Il est temps d’arrêter là les dégâts
Nous, acteurs et partenaires des domaines de l’architecture, du patrimoine, de la culture, choisissons aujourd’hui de vous interpeller sur la place de l’architecture comme approche culturelle, politique et sociale de l’espace dans les étapes d’un projet urbain.

Nous, membres de la Maison de l’Architecture de Franche-Comté et tous les signataires, demandons à la Ville de Besançon et à Territoire 25 avec l’agence Ter de mettre un terme au projet de démolition du bâtiment Ledoux, une démolition motivée principalement par l’ajout inutile de percées visuelles entre des parcs déjà immenses.

Nous savons qu’un permis de démolir a été déposé concernant le pavillon Ledoux de Saint-Jacques, et à l’heure actuelle nous n’avons aucune information sur le devenir de ce bâtiment. Puisque lors du Conseil municipal le 20 juin 2024, l’élu à l’urbanisme présente le projet de Territoire 25, propriétaire et aménageur, sans le bâtiment Ledoux, cela ne présume rien de bon… Il nous semble donc urgent et nécessaire d’alerter l’opinion publique.

Un bâtiment remarquable
Le bâtiment Ledoux, qui tient son nom de Eugène Ledoux, médecin, membre de l’académie de médecine, médecin chef de l’hôpital en 1930, père du Professeur André Ledoux, chef du service de pneumologie en 1965, en pierres de taille qui date du début des années 1930, de la même époque que la cité universitaire Canot (architecte René Tournier, 1936) qui, elle, est classée Patrimoine XXe et réhabilitée.
Sa structure permissive est toute indiquée pour une réhabilitation de logements. Son épaisseur offre une bonne ventilation naturelle et un apport lumineux qualitatif. De plus, son implantation est cohérente dans la composition du plan du site de Saint-Jacques dont il est le bâtiment culminant à 27 mètres.

Pour ériger le bâtiment Ledoux, au-delà des grandes quantités de matériaux, des ressources précieuses, qui s’épuisent, et des énergies fossiles, polluantes, de l’énergie créative, de l’énergie grise, de l’énergie constructrice ont été nécessaires.

« Tout ce qui nous entoure est patrimoine ».
Un bâtiment « déjà-là » est le témoin d’une époque, d’une technique constructive, d’un style architectural mais aussi d’un patrimoine en devenir. Les différentes couches d’histoire qui s’inscrivent sur les bâtiments de l’ancien hôpital Saint-Jacques tels des palimpsestes et dans nos espaces construits de manière générale font l’âme de la ville.

C’est un patrimoine commun, en mouvement.
Des lieux vécus, vivants, à vivre.
Cela ne peut se résumer à un acte de propriété.

Démolir n’est jamais anodin
La destruction du bâti, radicale, violente, est un affront suprême au vécu des habitants, au patrimoine bâti. C’est un désastre de la mémoire, coûteux dans l’économie de projet et extrêmement impactant pour l’environnement.
En démolissant, la Ville de Besançon et Territoire 25 nous emportent loin de la « frugalité heureuse et créative », manifeste et mouvement des professionnels de la construction pour le ménagement des territoires. Pourtant nos ressources s’épuisent et le BTP s’impose comme le deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre en France.
Par ailleurs, le désamiantage n’est jamais un argument pour justifier une démolition puisqu’il faut prévoir une telle intervention également lors de cette dernière.

Démolir pour construire quoi ?
On construit aujourd’hui encore massivement en qualité moindre, avec des bâtiments qui répondent à des enjeux économiques et non aux enjeux écologiques et sociétaux comme le font les réhabilitations. D’un point de vue typologique, on doit construire différemment au centre d’une ville que dans une périphérie. Pourtant, là, le risque est fort de voir naître un quartier anodin, des immeubles épars sans accroches au contexte.

Valorisons l’existant
Faisons évoluer nos espaces urbains, adaptons notre bâti aux enjeux climatiques, jouons de la promiscuité, rendons la densité désirable, ce qui, maintenant, ne peut se faire qu’en valorisant l’existant et en prenant en compte la typologie du centre de la Boucle.

Demandons que les pouvoirs publics montrent l’exemple et, par ordre de priorité :
1. conservent le bâti existant et évitent toute démolition,
2. rénovent et réutilisent le bâti de manière circulaire,
3. complètent et développent l’existant de manière durable.

Et faisons de Besançon un laboratoire d’idées, d’actions et de projets, à la hauteur de ses penseurs utopistes et humanistes.

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