Architectures proches – Pour une culture de la conception

Entrer dans une agence d’architecture, mettre en lumière les processus de conception, pénétrer au cœur des logiques dont se nourrit le projet : tels sont les enjeux de cette exposition, qui propose une rétrospective sur le travail d’Alain Cartignies et Marie-José Canonica au travers de dix-sept édifices. Établis à Bruyères, dans les Vosges, depuis 1977, les deux architectes ont conçu au cours de leur carrière plus de deux cents projets, très souvent dans le cadre de concours publics ; une centaine d’entre eux ont été réalisés, dont nombre ont été récompensés par des prix et publiés.

Tous deux diplômés de l’école d’architecture de Nancy, engagés côte à côté dans la discipline depuis plus de quatre décennies, les deux architectes se sont également investis dans l’enseignement depuis le début des années 1990. Leur agence de Bruyères est un lieu de transmission dans lequel des générations d’architectes ont été formées et ont appris à allier théorie et pratique, depuis l’échelle du paysage jusqu’à celle du détail. Au-delà de ses propres réalisations, l’agence Canonica-Cartignies a contribué à créer et à établir une nouvelle école architecturale fortement ancrée dans le contexte des Vosges, entre pensée du territoire et culture constructive.

 

Une matière pour penser la juste mesure

Il n’est pas d’architecture sans culture ; l’agence de Bruyères est un monde de références, qu’elles soient littéraires, issues de voyages, ou sensorielles et liées à la matérialité des objets. Collections et bibliothèques sont ici vivantes, toujours en constitution et en mouvement.

La culture de l’outil, du lent et intelligent travail de la main, est également fondamentale : dessins et maquettes, sans cesse améliorés, perfectionnés, sont les médiums à travers lesquels la pensée prend forme.

Pour les deux architectes, le travail de conception se doit avant tout de révéler les potentialités du site dans lequel le projet se positionne, tout en tenant compte de ses contraintes afin de les transformer en forces. La question de la distance, de la différenciation, du juste écart entre les éléments est donc essentielle, et s’incarne dans le jeu entre les échelles, dans les relations de proximité, en une talentueuse tentative de renouvellement de la culture de la conception.

Karine Thilleul, commissaire de l’exposition

 

« C’est de [la] « matière » créée par l’histoire (…) qu’Alain Cartignies et Marie-José Canonica entendent dériver leurs projets. Quelle que soit l’échelle de leur intervention, qu’il s’agisse d’équipements de grande envergure ou du jardin de leur propre maison, ce sont toujours des morceaux de territoire qu’ils façonnent. »

Joseph Abram, D’Architectures, mars 2008

 

Une exposition produite par La Première Rue, Cité Radieuse de Briey
Scénographie, graphisme et textes : Agence Canonica-Cartignies avec Karine Thilleul
Photographies : Philippe Ruault, Pascal Volpez, Agence Canonica-Cartignies
Commissaire : Karine Thilleul (LHAC, ENSArchitecture-Nancy)

Alain Cartignies et Marie-José Canonica remercient l’ensemble des collaborateurs de l’agence, ainsi que leurs professeurs : Jean-Pierre Epron, Philippe Boudon, Alain Sarfati, Bernard Hamburger, Stanislas Fiszer, Guy Naizot et tous ceux qui, en même temps qu’eux, ont partagé leurs passions et leurs savoirs.