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« Mon Kinkaku-ji est une étude approfondie des mobiles d’un crime. Une conception superficielle et baroque de quelque chose comme, par exemple, la Beauté, peut suffire à provoquer l’acte criminel d’incendier un trésor national. Si l’on se place d’un autre point de vue, il suffit, pour échapper à sa condition présente, de croire à cette idée folle et superficielle, et de l’hypertrophier jusqu’à en faire une fondamentale raison d’être… »
Journal, Yukio Mishima.
« Trésor national », inscrit à l’Unesco en 1994, le Kinkaku-ji, ou Pavillon d’Or en français, part du temple zen Rokuon-ji, est incendié par l’un des moines du domaine en 1950. L’incendiaire ne cessera de changer de discours au fil des interrogatoires – vengeance contre le Prieur, contre sa mère, acte impulsif, non réfléchi, fascination de la Beauté ayant dégénéré en haine… Ce dernier motif retient l’attention de Mishima, qui, ayant suivi de près la restitution du procès alors à la une des journaux japonais, en fait la matière de son roman, le problème existentiel de son protagoniste.
Allégorie de la Beauté, image terrestre d’un Idéal, par la perfection de son architecture, le Pavillon attise le conflit interne du protagoniste : si la Beauté peut exister en ce monde, si la main de l’homme peut créer la forme du Beau, pourquoi l’homme en est-il – en même temps – irrémédiablement exclu ?