LA GRANDE CHAMOTTE EN RÉSILLE

Une installation de Cécile Meynier
Inauguration jeudi 14 septembre 2023 à 18h30

« La Grande Chamotte en résille » est une installation qui rejoue de manière éclatée et déconstruite l’architecture de La Grande Motte. Il est question d’urbanisme, d’architecture, de rapport au paysage, de plage, de coquillages et de crustacés… comme un souvenir de vacances d’été fantasmé.

L’artiste prend possession de l’espace de la Maison de l’architecture en déployant comme toile de fond, cimaises, paravents, étagères revisitées et tapis de sol… Autant de supports et de signes empruntés au design, au mobilier et à l’architecture.

Une série de sculptures en céramique à la croisée de l’abstraction géométrique et de la micro architecture est intégrée à ce décor coloré, fait de matériaux simples issus autant du monde domestique qu’au BTP (moquette, tissu, bois et crépi) et qui, agencés ensembles, donnent lieu à un étrange paysage.

Activation le samedi 14 octobre 2023 a 18h

Cet environnement sera activé et habité par Cécile Meynier lors d’une performance intitulée « Station balnéaire ». Tout en explorant le pouvoir sonore de la céramique, ce glissement vers le vivant et la narration permet à l’artiste de « briser le silence de la sculpture ».

Cette proposition est le troisième volet de l’installation montrée lors de l’exposition collective d’origine « Trois p’tits tours et puis s’en vont » curatée par Anne Giffon-Selle au CRAC Le 19 à Montbéliard en 2022 puis reprise au centre d’art de la Villa du Parc à Annemasse par Garance Chabert début 2023.

 
Cécile Meynier, notice
« Les chansons de geste de Cécile Meynier »

Les premiers travaux de Cécile Meynier considéraient déjà la peinture (abstraite) comme constitutive d’un espace, d’un environnement (et non comme un simple tableau). L’artiste a tout d’abord pris possession de l’espace en trois dimensions en la spatialisant, en la déployant comme toile de fond, cimaise, paravent, tapis de sol, etc., à laquelle elle a ensuite adjoint de multiples étagères, consoles, socles, tables, etc., autant de supports et de signes empruntés au design, au mobilier et à l’architecture.

Bien qu’ils induisent encore le point de vue frontal de la peinture, leur disposition relève moins du pastiche d’un « display » commercial ou de mises en scène destinés à valoriser sculptures ou peintures – parfois absentes – que d’une simulation d’architectures intérieures ou de paysages à diverses échelles, entre maquette et échelle un. Ces jeux de proportions situent en effet les installations tantôt dans le registre du réel (échelle un de l’architecture d’intérieur), tantôt dans un lointain onirique proche des planètes désertées du peintre surréaliste Yves Tanguy (maquette).

L’introduction de la céramique « incarne » ensuite un tournant plus « aventureux » et « fantasque »[1] du travail. Au dire même de l’artiste, cette pratique, grâce à la malléabilité de la terre, lui a permis de s’émanciper de la rigueur géométrique qui caractérisait ses premières œuvres[2]. Les formes flirtent à présent avec le motif décoratif et biomorphique, renouent avec la figure et le paysage. Cette ouverture sur la pratique artisanale inclut également une réutilisation du textile comme champ de couleur dans laquelle elle taille comme d’autres peintres avant elle (Matisse, Shirley Jaffe). Par sa souplesse et ses textures, ce matériau propose également une surface supplémentaire de projection du sensible.

Ses installations les plus récentes esquissent des intérieurs ou des paysages pensés pour accueillir des performances. Avec ces dernières, l’artiste franchit une étape supplémentaire dans son processus d’assimilation du vivant, des corps et du sensible, en développant la portée narrative de ses œuvres. Par le mouvement et le chant, la parole ou le mime, la performance, en effet, « brise le silence de la sculpture »[3]. Elle permet à l’artiste non seulement de remettre en jeu la gestation quotidienne de l’art mais de réconcilier en une même chanson de geste vie domestique (déjà présente dans la céramique), art et actualités socio-politiques. »

[1] Hubert Besacier, « La mort du cygne, » in Cécile Meynier, Je suis désolée mais votre correspondant a raccroché sans laisser de message…, Canal Satellite, Migennes, 2019, pp. 39-41.

[2] Entretien avec l’artiste, mai 2022.