Exposition hommage à l’occasion du centenaire de la naissance d’André Ravéreau aux anciennes cuisines de l’hôpital Saint-Jacques à Besançon
Vendredi 8 novembre 2019 à 18:30 aux anciennes cuisines de l’hôpital Saint-Jacques
Vernissage et visite guidée avec Jeanne Marie Gentilleau, ethno-architecte et co-commissaire de l’exposition
Vendredi 15 novembre 2019 à 18h00 au cinéma Victor Hugo
Présentation du film André Ravéreau et l’Algérie de Jean Asselmeyer (France, 2019, 64 min) dans le cadre du festival Lumières d’Afrique, avec Maya Ravéreau, architecte, fille d’André Ravéreau et Manuelle Roche. Entrée 5 euros
Vendredi 29 novembre 2019 à 20h à la Maison de l’Architecture
Le M’zab, exposé-échanges avec Ahmed Merghoub, docteur en sociologie, directeur de théâtre, natif du M’zab. Entrée libre
Samedi 30 novembre 2019 de 14h à 18h aux anciennes cuisines de l’hôpital Saint-Jacques
Geste, atelier de construction ouvert à tous, avec Jean-Jacques Horem, maçon et cinéaste, ami d’André Ravéreau. Tarif 5 euros, sur inscription
Mercredi 18 décembre 2019 de 14h à 17h aux anciennes cuisines de l’hôpital Saint-Jacques
S’adapter à ce que donne la nature, atelier de pratique Mon Mercredi Architecture, à partir de 8 ans, avec Étienne Chauvin, architecte-conseil CAUE du Doubs. Tarif 5 euros, sur inscription, aux conditions habituelles
Mardi 14 janvier 2020 à 20h à la Maison de l’Architecture
La simplicité en architecture auprès de André Ravéreau, exposé-échanges avec Capucine Tournilhac et Jean Goizauskas, anciens élèves d’André Ravéreau. Entrée libre
Attention ! En raison des fêtes de fin d’année, l’exposition « André Ravéreau – Leçons d’architecture » ne sera pas ouverte les 24, 25, 31 décembre et le 1er janvier.
André Ravéreau, c’est d’abord un regard.
Un regard que le grand âge a aveuglé sans rien lui enlever de son acuité.
André Ravéreau, ce sont d’innombrables dessins où un œil se promène, attentif au moindre détail, tout autant qu’à l’horizon au-delà.
André Ravéreau, c’est une capacité rare à voir à la fois au près et au loin, le singulier et l’intemporel, ce qui change et ce qui reste, et comment l’alliance des lois de la statique et de l’équilibre, universelles, se conjuguent avec la variable de la latitude pour orienter le geste architectural.
Grand observateur de la Méditerranée où il vécut et travailla la plupart de sa vie, André Ravéreau a su lire et relire l’architecture traditionnelle comme nul autre ; il en a relevé les pertinences constructives, l’adaptation fine aux usages et aux climats, mais aussi l’équilibre « sans ornementation » et la troublante beauté dont témoignent les magnifiques
photographies de sa compagne et collaboratrice, Manuelle Roche, l’œil de l’œil, celle qui sut si parfaitement fixer sur le négatif ces subtilités constructives savoureuses que voyait André Ravéreau.
Ce regard particulier a généré une oeuvre importante ainsi qu’une école ou plutôt un atelier-école : l’Établissement Régional Saharien d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement, plus communément nommé « l’atelier du M’Zab », lieu dans lequel l’apprentissage se faisait par l’expérience physique et sensible du site et la transmission continue d’un enseignement hors cadre, essentiellement oral, visant à exercer le regard pour mieux extraire le sens de la forme.
Pour André Ravéreau, étudier les principes qui ont présidé à la réalisation des architectures populaires se fait au service de la création d’architectures contemporaines. C’est ce qu’il a mis en pratique dans ses projets, qui, loin d’imiter les formes issues du passé en elles-mêmes, imitent l’esprit ayant présidé à l’élaboration des formes. Selon cette logique, à des
besoins nouveaux peuvent et doivent correspondre des formes nouvelles, à condition que ces dernières soient étayées par le raisonnement et par des contraintes objectives.
La récente disparition de cet architecte, en octobre 2017, suivie de peu par le centenaire de sa naissance en 2019, sont l’occasion de mettre en lumière son œuvre singulière, débutée au milieu du siècle dernier. Elle se démarque de celle de ses contemporains par le souci de toujours tenir compte du milieu. Soucieux de l’humain et de son environnement, le dessin
d’André Ravéreau est juste car il est mesuré, situé, respectueux. Avec ses écrits les plus célèbres, prenant tout d’abord comme support le M’Zab et la Casbah d’Alger pour s’intéresser ensuite à l’architecture traditionnelle française, après son installation en Ardèche, il n’a cessé de retranscrire les leçons tirées de ses analyses des cultures constructives populaires de part et d’autre de la Méditerranée.
La portée et la valeur de son travail restent cependant confidentielles, en dépit des efforts associés de sa compagne de vie et d’œuvre, Manuelle Roche, écrivaine, photographe et cinéaste, pour donner à voir et entendre son regard.
Nourrie du fonds d’archives accumulé par André Ravéreau et Manuelle Roche, puis développée sous l’égide de l’association ALADAR (Association Les Amis d’André Ravéreau), l’exposition s’appuie sur une mine de supports de toutes natures : dessins, photographies, enregistrements audio et vidéo – dont de nombreuses démonstrations filmées par les stagiaires -. Ils permettent de présenter, pour la première fois, de multiples travaux et thématiques inédits, sur lesquels réfléchissait André Ravéreau jusqu’à ses derniers jours à l’âge de 98 ans.
Cette exposition, conçue par des proches et anciens élèves et stagiaires d’André Ravéreau, vise à donner et à éprouver ce regard particulier sur l’architecture : apprendre, comme ils l’ont appris, à lire, relire et redire, le geste architectural.
Pour cela, un abécédaire s’est imposé, outil représentatif de la méthode d’André Ravéreau : observer les particularités pour mieux appréhender les généralités, saisir le milieu – climatique, culturel – pour comprendre comment le constructeur jongle avec les propriétés des matériaux en créant d’astucieux arrangements.
Cet abécédaire, librement inspiré du livre d’André Ravéreau «Le Mzab, une leçon d’architecture1», est en soi une invitation au voyage dans l’art de construire : décor, détail, escalier, façade, geste, intimité, latitudes, portique, regard, siège, transmission.
Ces thèmes proviennent des analyses qu’André Ravéreau a menées tout au long de sa vie. De sa période en Algérie à celle plus récente en Ardèche, ces nombreux inédits, différents de ceux du livre sur le M’Zab, sont le fruit d’une observation des architectures du monde entier.
Comme le regard, les mots se croisent pour se nourrir et s’informer mutuellement, dans un parcours volontairement dialectique. Il s’agira de se promener dans cette architecture simple et cependant « bonne, c’est-à-dire répondant au mieux aux besoins et au milieu physique ». « Même construite avec les plus extrêmes simplicité et économie, [elle] peut être belle. Si elle est belle, elle peut également être prestigieuse, sans intention
de l’être. » Le souhait est que les visiteurs puissent éprouver l’assise au sol, monter un escalier à multiples usages, circuler sous des arcs et coupoles, apprécier le toucher des murs chaulés ou en terre, ressentir, jusque dans leurs corps, la pertinence de ces architectures situées où il leur appartiendra de retrouver les lettres-clefs d’un enseignement dépassant le cadre de l’architecture pour questionner plus largement la juste place de l’humain
dans son environnement.
Les thématiques explorées, nourries du fond d’archives, seront détaillées plus loin dans ce dossier. Chacun des mots-clefs sera illustré par une série de photos et de dessins complétés par des citations, extraits d’enregistrements audio et vidéo pour que le spectateur puisse s’immerger facilement dans la pensée d’André Ravéreau.